LES CONSEQUENCES DE CE VIOL SUR MA VIE
Dans l'immédiat (des faits jusqu'au procès), il y a d'abord eu l'état de choc, la culpabilité, la honte, le sentiment d'être souillée qui du coup amène à se laver plusieurs fois par jour, , la perte de confiance en soi, la peur d'insécurité. Ensuite après avoir porté plainte et avoir été confrontée pendant plus de 3 heures à des questions normales et d'autres plus ou moins tordues: le risque d'IST, du sida, de grossesse. La perte de plusieurs amis qui avaient du mal à me croire. Après l'expertise psychologique qui a durée plus de 3 heures également et où on vous fait passer un tas de tests du style "dessiner ce qui nous fait peur en changeant de crayon de couleur à chaque fois qu'on vous le dit" comme si on avait 3 ans et demie: le sentiment d'être une moins que rien, d'être rabaissée. La peur de croiser son agresseur, peur des représailles (ce qui m'a amené à déménager), peur d'une nouvelle agression. Trouble du sommeil: cauchemars répétitifs, insomnie. Peur de prendre les transports en commun, de rentrer seule chez moi. Des crises d'angoisse, j'ai vu un psy mais pas assez régulièrement pour m'aider. Je suis sous anti-dépresseurs depuis deux ans et demie. J'ai aussi cherché à occulter le viol, essayé de l'oublier. J'ai été en quelque sorte "spectatrice". J'ai laissé la justice et mon avocat prendre les choses en main, je leur ai fait confiance et me suis déchargée sur eux.
Seulement une fois le procès passé, on devient "actrice" et là tout nous revient en pleine figure comme un boomerang. Je me suis déchargée pendant 3 ans en mettant ce viol plus ou moins de côté. Le but dans tout ça était le procès, je misais tout sur lui. Je savais que la peine serait faible, mais je pensais qu'une fois ce procès passé je pourrais tourner la page et retrouver une vie meilleure. TOTALEMENT FAUX, je conseille aux victimes de ne pas espérer grand chose du procès, de ne pas tout miser dessus en tout cas. Car après celui-ci, pour moi les choses sont devenues encore plus difficiles puissance 10. Ok le violeur a été reconnu coupable, la justice l'a punie, et après? Au revoir Madame, et démerdez vous pour vivre avec! C'est un peu ça malheureusement, la victime doit remonter à la surface et se reconstruire par elle même, sans aucune aide, sans accompagnement, sans lui indiquer des associations qui peuvent l'aider. J'ai du faire tout ça par moi même, je me suis renseignée SEULE sur les conséquences du viol sur la santé, j'ai cherché SEULE les associations dans ma ville qui pourraient être utiles pour moi, comme par exemple l'association d'aide aux victimes où j'y vois un psy depuis deux semaines. J'ai cherché SEULE les sites, forums pour aider les victimes de viol. J'ai cherché SEULE les services de consultations qui pourraient m'être utiles comme la service de psychotraumatologie de l'hôpital de ma ville que je vais appeler dès demain. Bref, on se retrouve seule face à nos problèmes, nos idées noires, on peut compter que sur soi même pour remonter la pente.
Après le procès, toujours plusieurs symptômes présents comme la peur de croiser mon agresseur malgré l'ordonnance d'interdiction de m'approcher, les crises d'angoisse, la perte d'estime de soi, les troubles du sommeil. S'ajoutent à ça, un sentiment de vide, d'incompréhension, le fait de se sentir étranger au monde. Je suis devenue irritable, agressive, comme si ça s'imposait à moi et que je ne pouvais pas contrôler ce sentiment. Je suis plus ou moins dépressive, je pleure souvent, je n'ai plus goût à mon travail, des troubles de la concentration, troubles de la sexualité, conduite addictive (tabac, alcool). Troubles alimentaire, j'ai comme des crises de boulimie, j'ai quand même pris 10kg pendant ces trois dernières années. Physiquement je ressens une fatigue intense, des maux de tête réguliers. Il y a une dégradation nette dans mes rapports avec les autres, avec mes proches.
Toutes ces conséquences sont des conséquences normales d'une situation anormale. Maintenant, il faut que j'aprenne à les gérer...