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Violée sous la contrainte, mon combat de tous les jours

8 mai 2012

LES CONSEQUENCES DE CE VIOL SUR MA VIE

Dans l'immédiat (des faits jusqu'au procès), il y a d'abord eu l'état de choc, la culpabilité, la honte, le sentiment d'être souillée qui du coup amène à se laver plusieurs fois par jour, , la perte de confiance en soi, la peur d'insécurité. Ensuite après avoir porté plainte et avoir été confrontée pendant plus de 3 heures à des questions normales et d'autres plus ou moins tordues: le risque d'IST, du sida, de grossesse. La perte de plusieurs amis qui avaient du mal à me croire. Après l'expertise psychologique qui a durée plus de 3 heures également et où on vous fait passer un tas de tests du style "dessiner ce qui nous fait peur en changeant de crayon de couleur à chaque fois qu'on vous le dit" comme si on avait 3 ans et demie: le sentiment d'être une moins que rien, d'être rabaissée. La peur de croiser son agresseur, peur des représailles (ce qui m'a amené à déménager), peur d'une nouvelle agression. Trouble du sommeil: cauchemars répétitifs, insomnie. Peur de prendre les transports en commun, de rentrer seule chez moi. Des crises d'angoisse, j'ai vu un psy mais pas assez régulièrement pour m'aider. Je suis sous anti-dépresseurs depuis deux ans et demie. J'ai aussi cherché à occulter le viol, essayé de l'oublier. J'ai été en quelque sorte "spectatrice". J'ai laissé la justice et mon avocat prendre les choses en main, je leur ai fait confiance et me suis déchargée sur eux.

Seulement une fois le procès passé, on devient "actrice" et là tout nous revient en pleine figure comme un boomerang. Je me suis déchargée pendant 3 ans en mettant ce viol plus ou moins de côté. Le but dans tout ça était le procès, je misais tout sur lui. Je savais que la peine serait faible, mais je pensais qu'une fois ce procès passé je pourrais tourner la page et retrouver une vie meilleure. TOTALEMENT FAUX, je conseille aux victimes de ne pas espérer grand chose du procès, de ne pas tout miser dessus en tout cas. Car après celui-ci, pour moi les choses sont devenues encore plus difficiles puissance 10. Ok le violeur a été reconnu coupable, la justice l'a punie, et après? Au revoir Madame, et démerdez vous pour vivre avec! C'est un peu ça malheureusement, la victime doit remonter à la surface et se reconstruire par elle même, sans aucune aide, sans accompagnement, sans lui indiquer des associations qui peuvent l'aider. J'ai du faire tout ça par moi même, je me suis renseignée SEULE sur les conséquences du viol sur la santé, j'ai cherché SEULE les associations dans ma ville qui pourraient être utiles pour moi, comme par exemple l'association d'aide aux victimes où j'y vois un psy depuis deux semaines. J'ai cherché SEULE les sites, forums pour aider les victimes de viol. J'ai cherché SEULE les services de consultations qui pourraient m'être utiles comme la service de psychotraumatologie de l'hôpital de ma ville que je vais appeler dès demain. Bref, on se retrouve seule face à nos problèmes, nos idées noires, on peut compter que sur soi même pour remonter la pente.

Après le procès, toujours plusieurs symptômes présents comme la peur de croiser mon agresseur malgré l'ordonnance d'interdiction de m'approcher, les crises d'angoisse, la perte d'estime de soi, les troubles du sommeil. S'ajoutent à ça, un sentiment de vide, d'incompréhension, le fait de se sentir étranger au monde. Je suis devenue irritable, agressive, comme si ça s'imposait à moi et que je ne pouvais pas contrôler ce sentiment. Je suis plus ou moins dépressive, je pleure souvent, je n'ai plus goût à mon travail, des troubles de la concentration, troubles de la sexualité, conduite addictive (tabac, alcool). Troubles alimentaire, j'ai comme des crises de boulimie, j'ai quand même pris 10kg pendant ces trois dernières années. Physiquement je ressens une fatigue intense, des maux de tête réguliers. Il y a une dégradation nette dans mes rapports avec les autres, avec mes proches.

Toutes ces conséquences sont des conséquences normales d'une situation anormale. Maintenant, il faut que j'aprenne à les gérer...

 

 

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2 mai 2012

LE STRESS POST-TRAUMATIQUE qu'est-ce que c'est?

Voici une petite vidéo pour mieux comprendre ce que ressentent les victimes:

Vous pouvez également lire cet article qui en dit long: wikipédia

30 avril 2012

MON TEMOIGNAGE

J'ai 26 ans et j'ai subi deux viols dans ma vie. 

La première fois j'avais 13/14 ans. J'avais passé l'après midi en centre ville avec une amie et je suis rentrée en bus. Ça devait être un samedi après midi, il faisait chaud, j'étais en jupe. A l'arrêt de bus, il y avait une bande de 5/6 jeunes qui n'arretaient pas de me reluquer.
Ils sont monter dans le bus en même temps que moi. Ils me regardaient, me parlaient, je les ignorais. Ils sont descendus au même arrêt que moi. A l'époque j'habitais dans un quartier pas très bien réputé. Ils me suivaient, je marchais vite, j'avais peur. Ils m'ont suivi jusqu'à mon immeuble. Ils continuaient à me parler, à me traiter de tout les noms "salope, pute". Évidemment ce jour là je n'avais pas mes clefs sur moi. J'ai donc sonné chez moi, personne ne répondait. J'ai ensuite sonné chez les voisins, j'ai fait toutes les sonnettes, rien non plus. Par chance, mon petit voisin âgé de 8 ans environ, rentrait chez lui, j'ai pu entrer en même temps. Je lui ai dit de prévenir mes parents ou les siens au passage.  Il ne l'a pas fait, il avait sûrement peur lui aussi. Les garçons me tripotaient, me retenaient, je n'arrivais pas à grimper une marche sans tomber. Ils voulaient me faire l'amour à ce qu'ils disaient, on leur avait dit que j'étais une fille facile. Je criais à l'aide, leur disais que je ne voulais pas, les suppliais de me laisser tranquille. Personne venait, personne m'entendait! Pendant ce temps, il restaient, continuaient de me tripoter, je sentais leurs doigts se glisser sous ma jupe, sous ma culotte et pénétrer dans mon vagin. Je pleurais, criais, j'avais envie de vomir. Au bout de 5/10 min (on n'a plus la notion du temps à ce moment la, ça nous parait une éternité), j'ai enfin réussi à m'extirper de leurs sales pattes et à grimper jusqu'à chez moi au premier étage et ils ont fuit. Je suis rentrée chez moi en pleurs, ma mère était là, pourquoi ne m'a-t-elle pas entendu crier et sonner? Elle m'a fait prendre une douche puis m'a emmené au commissariat. On m'a conseillé déposer une main courante car je ne connaissais pas mes agresseurs. Aucun flic m'a pris au sérieux, ni considérée comme une victime de viol. On aurait dit que je déposais plainte pour un simple vol de portable. C'était une agression banale pour eux et non un viol. Je n'avais qu'à pas traîner en centre ville seule à mon âge et à me mettre en jupe, ça peut aguicher, oui, c'est ce qu'on m'a rétorqué. Il n'y a jamais eu de suite à cette main courante bien entendu. Le soir même il y avait une fête de famille dans un restaurant karaoké, après tout ce que j'avais subi dans la journée je n'avais pas du tout envie d'y aller. Mais je me devais d'y aller selon ma mère, et surtout il ne fallait pas que la famille sache ce qui s'était passé. Elle a sûrement bien voulu faire même si j'ai encore du mal à comprendre.

Depuis ce jour, on n'en a plus jamais reparlé, jusqu'à il y a trois ans où j'ai été victime du deuxième viol.

J'avais donc 23 ans à l'époque. Je n'ai pas le permis et circule en transports en commun. C'était en juin, j'avais RV chez une psy de la mission locale pour la première fois à 14h ce jour là. J'avais besoin de parler à une personne neutre de ma jalousie dans mon couple. J'habitais pas très loin du centre ville, lieu de mon RV, mais ce jour là j'avais la flemme de marcher. Je suis donc allée à l'arrêt de bus à quelques mètres de chez moi, ironie du sort, devant le commissariat central. Au même endroit, deux ou trois fois auparavant j'avais croisé une vieille connaissance qui passait souvent par là en voiture et qui me faisais signe de loin à chaque fois. Je l'avais connu en boîte de nuit quand j'avais 14/15 ans, on avait flirté durant cette soirée, un simple baiser échangé, rien de plus. Depuis ce soir là on s'est seulement croisé quelques fois en centre ville, on se disait bonjour rapidement et basta. Mais ce fameux jour, il s'est arrêté pour me dire bonjour quand j'attendais à l'arrêt, m'a demandé où j'allais et m'a gentiment proposé de m'y accompagner. Et je ne sais pas pourquoi j'ai accepté, moi qui suis de nature assez méfiante à la base. Sur le trajet, on a discuté de nos vies respectives. Je lui parlais de mon travail qui ne me convenait plus et que je cherchais autre chose. Lui me disait qu'il venait de monter sa boîte de déco et que justement il recherchait une assistante. Puis j'ai vu qu'il ne prenait pas la bonne direction, je lui ai dit. Il m'a dit qu'il voulait me montrer son appart qu'il s'était acheté il n y a pas longtemps grâce à sa société qui marchait bien et que par la même occasion on pourrait parler de mon éventuelle embauche. Je lui ai dit que je ne préférais pas, que je n'avais pas le temps, je n'avais que 25 min devant moi avant mon RV, je ne voulais pas être en retard. Il a insisté et dit qu'il n'y en aurait pas pour longtemps. Une fois chez lui, il m'a dit de m'installer sur le canapé d'angle. Je me suis assise assez loin de lui. Il a voulu que je me rapproche, il disait qu'il était content de me revoir, il me flattait, me disait qu'il a toujours eu envie de moi et là il m'a demandé de faire l'amour avec lui. J'ai refusé, dit que j'avais ma vie de couple et ma fille, que tout se passait très bien, que je n'avais pas besoin de ça. Il était entreprenant. Il s'est rapproché, m'a embrassé de force. Je le repoussais. J'avais peur. Il m'a pris de force sur lui en position assise, m'a retiré mes chaussures, mon pantalon, tout en continuant à m'embrasser de force. J'étais répugné. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Tout allait si vite. Je disais NON, que je ne voulais pas ça. Il continuait, m'a penché sur l'angle du canapé à quatre pattes, je l'entendais baisser sa braguette. Il m'a pénétré. J'avais beau dire non, il continuait ses va et viens. J'étais tétanisée, impossible pour moi de crier. Pourtant c'était dans un immeuble, quelqu'un aurait pu m'entendre... C'était très rapide, mais encore une fois, pour moi ça m'a semblé durer une éternité. Puis une fois son affaire finie, il m'a proposé de me nettoyer dans la salle de bain, normale... On est descendu jusqu'à sa voiture et il m'a emmené à mon RV, comme si de rien n'était... J'étais toute chamboulée, je me sentais vide, sale. Je suis quand même aller à mon RV chez la psy, je ne lui ai pas du tout parlé de ce qui venait de se passer. Après mon RV je suis rentrée rapidement et je me suis de suite douchée et frottée de partout, je me sentais salie. Je m'en voulais. Je voulais rayer ça de ma tête. Le soir même mon petit ami venait passer le week-end, j'essayais d'être la plus normale possible. J'ai fait abstraction de cet épisode de ma vie pendant deux semaines. Mon agresseur continuait de me contacter par téléphone et venait sonner chez moi, je ne répondais pas. Jusqu'au jour où je revenais de l'école avec ma fille. Mon téléphone a sonné et par automatisme j'ai répondu. C'était lui. Il m'attendait devant chez moi, un papier à la main et voulait parler de mon embauche. J'étais avec ma fille âgée de 5 ans à l'époque, je l'ai laissé entrer car je ne voulais pas de scandale devant elle. Ce papier qu'il tenait, c'était un courrier du Conseil Général (à l'époque j'avais droit au RSA). Il était rempli par ses soins, c'était en quelque sorte une promesse d'embauche. Pour ne pas trop le bousculer, par peur, je lui ai dit qu'il fallait que je réfléchisse. J'ai fait goûter ma fille dans le salon et il m'a emmené jusqu'à la salle de bain. Et là il a voulu me violer encore une fois. Il était encore plus terrifiant. Il me bloquait contre le mûr, m'embrassait de force. Il avait un regard méchant, vicieux, il me menaçait de mort, de dire à mon ami que j'avais couché avec lui si je ne recommençais pas. Quelques minutes avant il avait pris le numéro de mon ami dans mon téléphone. Je le repoussais, je lui disais qu'il me dégoûtait, je disais NON, mais je n'osais pas parler trop fort pour ne pas apeurer ma fille qui était dans la pièce à côté. J'ai enfin réussi à me débarrasser de lui en lui disant que j'attendais mon ami, que j'aurais plus de temps le lendemain pour qu'on se voit. Et ce soir là j'étais très mal, et c'est là que j'ai réalisé ce qui s'était passée deux semaines auparavant, je m'étais fait violer... Après avoir cogiter toute la nuit, le lendemain je suis allée porter plainte grâce à l'aide de ma meilleure amie. C'est à ce moment là que j'ai mis mes proches au courant.

Il y a trois semaines jour pour jour que le procès a eu lieu, 34 mois après les faits. Celui ci a été re-qualifié en "agression sexuelle" et jugé au tribunal correctionnel. La peine est faible: 2 ans de sursis avec mise à l'épreuve, 3000€ de dommages et intérêts. Évidement c'est peu par rapport aux conséquences, mais je ne m'attendais pas à plus, la justice française est comme ça malheureusement... Je ne regrette pas d'avoir fait toutes ces démarches. Je ne voulais pas comme pour mon premier viol, régner ce qui s'était passé. Ce crime devait être puni. Il faut punir nos agresseurs. Le seule regret que j'ai, c'est de ne pas m'être renseigné plus tôt sur le viol, les conseils qu'on trouve sur internet, sur les sites d'aide aux victimes, car avec tout ce que j'ai pu voir, ce crime n'aurait pas du être re-qualifié et jugé en cour d'assises.

Mais bon, au moins il a été reconnu coupable et moi victime. Et j'encourage toutes les victimes à faire ces démarches: porter plainte pour que les agresseurs soient punis pour leurs crimes.

 

26 avril 2012

INTRODUCTION

Pourquoi j'ai décidé de faire un blog qui concerne le viol que j'ai subi? Tout simplement parce que seule la parole libère. J'ai besoin de parler, de dire ce que je ressens.

J'ai décidé de ne plus faire de ce viol un tabou. C'est la société qui rend ce fait tabou, pas moi!

Maintenant que mon procès est passé, que l'agresseur a été reconnu coupable, je comprends mieux les choses. Tellement, que tout me tombe dessus d'un coup d'un seul et que j'ai du mal à gérer mes sentiments, je me sens tellement confuse.

C'est pour celà qu'il faut que je libère ce que j'ai sur le coeur. Je me sens extrêmement combative à ce jour, et souhaite en faire profiter toutes les autres victimes dans mon cas. Je vais également mener une campagne dans ma ville d'action contre le viol, en commencant à distribuer flyers et affiches afin que les gens signent la pétition contre le viol, voici le lien: http://www.contreleviol.fr/signer.

Grâce à cette pétition:

Nous exigeons :

Des moyens financiers supplémentaires des pouvoirs publics pour la prise en charge des victimes ainsi que pour soutenir les associations qui luttent au quotidien contre les violences faites aux femmes.
Une prise en charge des soins à 100 % pour les victimes lorsqu’elles sont majeures et la gratuité des soins pour les mineures, aujourd’hui insuffisamment appliquée.
Une formation des professionnels des secteurs social, judiciaire, médical, éducatif à la prise en compte des violences sexuelles et sexistes : dépister, prendre en charge, réprimer, prévenir.
Des campagnes d’information et de prévention des violences sexuelles en direction du grand public notamment à l’école, dès le plus jeune âge.
Un jugement des crimes sexuels exclusivement en cour d’assises.
Une enquête systématique à la suite des plaintes pour crimes ou délits contre la personne.
 
Voilà, j'espère que ce blog va me permettre de me libérer comme une sorte d'éxutoire et que je pourrais aider plus d'une victime de viol. Sachez que d'être victime de viol n'est pas une honte, c'est un crime qui doit être puni par la loi.
 
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Violée sous la contrainte, mon combat de tous les jours
  • Parce que j'ai été moi même victime de viol, que j'ai du mal à me reconstruire, mais c'est la cause principale pour laquelle je combats aujourd’hui, je souhaite aider les victimes de viol à combattre ce crime, à ne plus faire du VIOL un tabou.
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